Association des Amis de l'Eglise et du Patrimoine de
Saint-Martin-aux-Buneaux




Bénédiction des nouvelles cloches
Discours de Michel Viard, Maire
Eglise de Saint-Martin-aux-Buneaux, le 10 mai 2014



Au nom du conseil municipal et de moi-même, je tiens à remercier M. l’abbé Valérian pour cette cérémonie.
Je salue également M. Bruno Thune, conseiller général, M. Patrick Victor, vice-président de la communauté de communes de la Côte d’Albâtre, les responsables d’associations, particulièrement l’Association des Amis de l’Eglise, ainsi que vous, Mesdames et Messieurs. Je vous prie de bien vouloir excuser M. Charles Revet, sénateur, qui n’a pas pu se joindre à nous.
Je tiens aussi à rendre hommage à nos trois marraines : Yvette Eudier, Fernande Guérard et Patricia Thiollent.
Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est cette cérémonie de bénédiction de ces trois cloches, cérémonie du siècle, non par son importance, mais par sa rareté.
Avant de revenir vers les nouvelles cloches, je vous propose de rendre hommage aux anciennes en découvrant leur histoire.
Les cloches, on le sait, sont des objets très anciens, mais il n’existe pas de certitude sur la date précise de leur invention. On en a attribué la paternité à un empereur chinois qui aurait fondu la première cloche vers l’an 2260 avant Jésus-Christ. Cela fait donc plus de 4000 ans ! La cloche est certainement l’un des premiers instruments sonores créés par l’homme. Des cloches de bronze datées de 1100 avant Jésus-Christ ont été retrouvées en Chine. Cette technique se répandit aux Indes puis en Egypte avant de gagner le monde méditerranéen où sa présence est attestée vers 700 avant Jésus-Christ. La cloche pénétrera en Gaule au 5e siècle et c’est principalement l’Eglise catholique qui va en faire un instrument religieux. La mention du premier clocher apparaît en 735 après Jésus-Christ. En 817, il fut décidé que chaque église paroissiale devait être munie d’au moins deux cloches.
Au fil des siècles, les cloches connurent bien des tourments. D’abord, brisées par les Sarrasins, les Normands puis les Anglais au 13e siècle et pendant la guerre de Cent Ans, c’est sous la Révolution française qu’elles connurent la plus dramatique période puisque plus de 100 000 cloches ont été fondues pour être transformées en monnaies ou en canons.
C’est ce qui arriva à Saint-Martin-aux-Buneaux. Sous l’Ancien Régime, il y avait trois cloches. Deux d’entre elles ont été fondues pendant la Révolution, la troisième a été remplacée en 1846 par Cécile-Charlotte qui à son tour laisse sa place aujourd’hui à ces trois nouvelles cloches, Martin, Pierre et Marie. Ainsi, notre clocher retrouve l’ensemble des cloches qu’il abritait avant la Révolution.
Revenons maintenant sur la genèse du projet. Tout a commencé lorsqu’un Saint-Martinais, Yvon Bailleul, a demandé, en tant que président de l’association des Amis de l’Eglise créée en 2006, une visite de l’architecte des bâtiments de France. Lors de son déplacement du 13 novembre 2006, l’architecte avait alors conseillé de faire recharger la cloche dont le son était altéré par l’usure du battant. Il avait également suggéré de prendre un architecte afin de chiffrer le coût d’une nouvelle flèche. C’est au cours d’une autre visite avec un architecte du patrimoine que nous avons découvert que le beffroi (c’est-à-dire la charpente qui supporte les cloches) n’était pas à son étage initial, de niveau avec les abat-sons, mais plus haut, reposant sur un plancher étouffant les sons !
C’est alors que le projet de reconstruire le beffroi à son étage originel a germé, notamment après la visite d’un membre des établissements Biard-Roy en février 2009. Il s’est avéré alors qu’un ensemble de travaux relevant de la mise en sécurité de l’édifice étaient à prévoir : conformité de l’installation électrique, réparation du paratonnerre, de la cloche, du beffroi.
Dès lors, le conseil municipal a tenu à dissocier deux dossiers : d’un côté programmer les travaux indispensables (beffroi, clocher, électricité et paratonnerre), de l’autre accéder à la demande de l’Association des Amis de l’Eglise souhaitant un accord de principe pour la reconstruction de la flèche à condition qu’il n’en coûte rien à la commune qui reste maître d’ouvrage dans tous les cas.
À ce stade, nous aurions pu nous arrêter là et aujourd’hui nous ne bénirions pas de cloche. Au mieux, nous serions réunis pour l’inauguration d’un nouveau beffroi… C’était sans compter avec le temps qui, comme chacun sait, est souvent de bon conseil. C’est à la suite de la conférence sur les cloches animée par Nicolas Gueury, consultant campaniste, en juillet 2012, lors d’une assemblée générale des Amis de l’Eglise, et d’une visite à l’église d’Ocqueville, église jumelle de la nôtre, que l’idée d’un ensemble de trois cloches de volée a fait son chemin et s’est concrétisée par la présentation d’un devis estimatif des travaux en février 2013. Depuis, nous n’avons pas perdu de temps puisqu’un peu plus d’un an après, nous célébrons la bénédiction de ces nouvelles cloches.
Un petit mot du financement. Quatre partenaires ont financé l’opération : la commune, la communauté de communes, une subvention parlementaire du Sénat et l’Etat pour un montant s’élevant à environ 70 000 €. Au nom de tous, je dois les en remercier.
En vous approchant, vous verrez que les inscriptions sur les cloches reprennent le même texte : « Bénite sous le pontificat de François par l’abbé Valérian en l’an 2014 en présence de M. le Maire, du Conseil Municipal et des habitants ». Il n’y a rien d’exceptionnel à cela, c’est la tradition, c’était déjà le cas de la cloche descendante de 1846. Outre les noms « MARIE, PIERRE, MARTIN », les décors sont identiques, à savoir : un crucifix sur l’avant, une effigie correspondant au nom de la cloche sur l’arrière ; deux frises.
N’oublions pas qu’aujourd’hui, les reines de la fête ce sont elles. Dans les jours qui viennent, elles vont disparaître de notre vue pour rejoindre le magnifique beffroi en chêne, mais elles sauront se rappeler à notre bon souvenir par leur tintement pendant des années et des années.
Souhaitons-leur de transmettre au travers de leur sonnerie un message de paix et d’amitié et qu’elles rompent la solitude des personnes âgées en sonnant les heures, car si le clocher restait muet, la vie continuerait certes, mais avouons qu’il nous manquerait quelque chose.
Avant de terminer, je voudrais avoir une pensée particulière pour Michel Lefebvre, couvreur à Saint-Martin-aux-Buneaux, qui vient de nous quitter et qui a passé tant de temps à réparer notre clocher.
Je tiens à remercier le cabinet d’architecture LNB et en particulier Marc Norcia, la société Biard-Roy, la fonderie Paccard ainsi que les personnes qui ont participé au décor des cloches.
Je vous remercie de votre attention et je vous invite au vin d’honneur offert par la municipalité à la salle André-Girard.