Association des Amis de l'Eglise et du Patrimoine de Saint-Martin-aux-Buneaux



Les vitraux de l'église


par Patrick Lebourgeois



Le vitrail est un panneau constitué de pièces de verre blanches ou colorées assemblées pour former une décoration. Le mot vitrail désigne une technique tandis que la fermeture d’une baie fixe avec du verre s’appelle une verrière. Le vitrail a accompagné l’architecture au fil de son évolution dès l’apparition des fenêtres romanes puis des baies gothiques. Comme les sculptures et les peintures murales, les vitraux n’étaient pas uniquement réalisés dans un but décoratif. Leur fonction essentielle était éducative. C’étaient de véritables livres d’images enseignant la religion aux fidèles souvent analphabètes, n’ayant pas accès aux ouvrages en latin et encadrés par un bas-clergé peu instruit. C’était également pour le donateur le moyen de s’acheter des indulgences (pardons des péchés) et de jouir de la reconnaissance des autres paroissiens.

L’église paroissiale Saint-Martin comporte quatorze verrières historiées (images figuratives) datant de la fin du 19e siècle au premier tiers du 20e siècle. Ainsi, de gauche à droite, en partant de l’entrée de la nef, vaisseau nord, chœur, vaisseau sud, façade ouest, on trouve : La vie de saint Antoine de Padoue, saint André et sainte Rose, sainte Thérèse de Lisieux, Jésus calme la tempête, Deux calices sur fond de grisaille, Le couronnement de la Vierge, Hic et Calix, Jésus au milieu des docteurs de la Loi, saint Louis rendant la justice, Notre-Dame de Lourdes, Jésus remet les clés à saint Pierre,  Le Christ au calvaire, Jeanne au bûcher, une rosace.

Plusieurs vitraux ont été réalisés par les mêmes maîtres-verriers : L. Barillet, J. Lechevallier, T. Hanssen pour La vie de saint Antoine et sainte Thérèse de Lisieux ; G.C. Lavergne pour Jésus calme la tempête et Le couronnement de la Vierge ; M. Mouraire à Evreux pour Jésus au milieu des docteurs de la Loi, saint Louis rendant la justice et N-D de Lourdes. Le vitrail normand, dont l’âge d’or remonte au 16ème siècle, a connu un nouvel essor à partir de 1840, notamment à Rouen. Il n’est donc pas étonnant de trouver la signature de Mme Vve Boulanger, peintre verrier rouennais sur le vitrail saint André et sainte Rose. 

Le thème de la pêche et des poissons est récurrent (« Saint-Antoine prêche aux poissons, des pêcheurs en détresse implorent Sainte-Thérèse, Jésus commande aux vents et à la mer et il se fit un grand calme »), ce qui paraît logique dans une église de marins.

Enfin, quelques dédicaces retiennent l’attention : la référence aux châtelains (« A la mémoire de J.G. Roquigny », Le couronnement de la Vierge et « Jenny Roquigny, Jules Roquigny, Pierre de Cools, Marie de Larminat »,  Jésus calme la tempête) ; la signature de la mère de l’actrice Martine Carol (« Offert par madame Mourer », Saint-Louis rendant la justice) ; le don fait par des prêtres (« Offert par M. L’abbé Hecquet, Jésus au milieu des docteurs de la Loi ; M. l’abbé L. Viard en mémoire de ses parents défunts, Hic et Calix »).

La valeur symbolique de ces vitraux est bien entendu soulignée par la lumière qui les traverse à toute heure de la journée. Ainsi, ce concentré de signes fait de chaque vitrail une œuvre  unique. Admirons-les de l’intérieur lors de la Saint-Pierre des Marins ou de l’extérieur pendant un office du soir, selon l’éclairage.

C’est l’association L’art religieux en Seine-Maritime qui a été chargée de l’inventaire du patrimoine de notre église. Outre les verrières, le recensement a porté sur le mobilier, la paramentique (ornements sacerdotaux), l’orfèvrerie, la statuaire, les tableaux, les ex-voto, etc.


Patrick Lebourgeois, octobre 2011



Jésus calme la tempête
(Georgius Claudius Lavergne, Paris, 1905).


Saint André et sainte Rose dans un décor architecturé
(Mme Vve Boulanger, Rouen, 1919).


La vie de saint Antoine de Padoue,
avec au tympan le Christ en croix.

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